Merci à Alain F3CW, qui veut bien nous faire partager ce beau document technique, retraçant l'histoire et les détails techniques de cette station radioélectrique...
L'ÉTAT DE LA TECHNIQUE DES RADIOCOMMUNICATIONS AVANT L'UTILISATION DES ONDES COURTES. — Les résultats obtenus dans le domaine des radiocommunications, à partir des installations à ondes moyennes et à ondes longues mises en service pendant et surtout après la guerre, jusqu'en 1926, peuvent se schématiser comme suit :
1° Jusqu'à des distances estimables à 6000 km environ, les puissantes installations de Sainte-Assise et de Bordeaux (station de la Croix-d'Hins), mettant en jeu de vastes antennes supportées par des pylônes élevés (16 pylônes de 250 mètres à Sainte-Assise, 8 pylônes de 250 mètres à la Croix-d'Hins), alimentées par des alternateurs de la Société Française Radioélectrique de 250 et 500 kW, travaillant sur des ondes comprises entre 13000 et 20000 mètres, permettaient de réaliser un contact quasi permanent, en dépit des conditions variables de propagation. Une semblable régularité était indispensable sur des liaisons à grand trafic, où la concurrence par câbles est particulièrement active (communications avec New-York, par exemple) ;
2° Au delà de 6 000 km environ, les mêmes installations demeuraient incapables d'assurer un contact permanent avec le correspondant éloigné; le trafic s'acheminait aux heures particulièrement favorables de propagation, dont la durée quotidienne était essentiellement variable suivant l'époque de l'année.
Dans de semblables conditions étaient exploitées, par les soins de l'Administration des
P. T. T., les liaisons entre la France et ses colonies (Saïgon, Tananarive, Brazzaville, Bamako) grâce aux stations construites par la Radiotélégraphie militaire ;
3° Dans le cadre des communications européennes, la mise en œuvre de postes à puissance moyenne (alternateurs à haute fréquence de 25 kW, postes à lampes de 20 kW, arcs à haute fréquence) travaillant sur ondes comprises entre 2000 et 10000 mètres, permettait d'assurer des communications régulières, avec manipulations à grande vitesse
Arrivée au stade de développement atteint en 1926, la radioélectricité n'était pas susceptible d'occuper une place prépondérante dans le cadre de la télégraphie et de la téléphonie entre stations fixes, en raison de la capacité de débit réduite de ses coûteuses installations, alors qu'il existait déjà des moyens offrant une grande sécurité, une grande régularité de transmission et des capacités de trafic très supérieures (câbles sous-marins et lignes télégraphiques).
L'ÉVOLUTION DE LA TECHNIQUE DES RADIOCOMMUNICATIONS, A LA SUITE DE LA DÉCOUVERTE DES POSSIBILITÉS DES ONDES COURTES.
A partir de 1925 s'ouvre un chapitre nouveau de la science des communications radioélectriques, par la découverte des possibilités des ondes courtes (entre 13 et 40 mètres environ) ; à la suite des amateurs, les Services officiels pénètrent dans ce nouveau domaine ; les programmes nouveaux s'élaborent; les appareils, rudimentaires dans les débuts, sortent de leur gangue et l'on aboutit à un nombre restreint de prototypes. L'influence des ondes courtes dans le domaine des radiocommunications résulte essentiellement de la possibilité de réaliser, par la mise en œuvre d'installations relativement peu coûteuses, des communications aux plus grandes distances. L'emploi de ces ondes, d'abord limité aux communications à très grandes distances, s'est étendu dans la suite, de telle façon qu'un tableau schématique de la situation actuelle de la science des radiocommunications entre stations fixes résulte des considérations suivantes :
1° Sur les liaisons à fort trafic, à grande distance, jusqu'à 6000 km environ Paris-New-York, par exemple), le trafic transmis sur ondes courtes représente environ les deux tiers du trafic total acheminé; néanmoins, en raison du caractère plus capricieux dans la propagation des ondes courtes, il est fait nécessairement appel, à certaines heures, aux puissantes installations à ondes longues préexistantes, avec alternateurs à haute fréquence ; l'emploi des ondes courtes se traduit par une augmentation considérable dans la capacité de débit sur de semblables liaisons et par une économie notable d'énergie dans les dépenses d'exploitation ;
2° Le véritable domaine d'emploi des ondes courtes est relatif aux communications réalisées au-dessus de 6000 km environ (liaisons entre la France et Buenos Aires, Rio de Janeiro, Tananarive, Saïgon, Chine, Japon, etc.) ; la mise en œuvre d'émetteurs et récepteurs appropriés permet alors d'assurer un contact quasi permanent entre correspondants très éloignés ;
3° Dans le cadre des liaisons européennes à trafic notable, l'emploi des ondes courtes semble moins indiqué, en raison des avantages restreints qu'elles présentent par rapport aux ondes comprises entre 3000 et 10000 mètres : l'économie dans les dépenses de premier établissement et dans les dépenses d'énergie demeure relativement faible, et il n'en résulte pas, semble-t-il, une sécurité plus grande dans l'acheminement du trafic; à l'heure actuelle, la proportion du trafic transmis sur ondes courtes dans le domaine des liaisons européennes, jusqu'à 3000 km environ, ne dépasse pas le tiers du trafic total ; 4° Quelle que soit la distance, toutes les fois que l'on se contente, sur une communication, d'un nombre réduit d'heures quotidiennes à liaison possible, l'emploi d'ondes courtes est nettement indiqué : des postes de 500 watts permettent d'atteindre de nuit l'Algérie et le Maroc; des postes de 1 à 2 kW sont suffisants pour réaliser, durant quelques heures par jour, une communication avec Brazzaville et Bamako, etc.
IMPORTANCE PARTICULIÈRE DES ONDES COURTES SUR LES LIAISONS INTERCOLONIALES EXPLOITÉES PAR L'ADMINISTRATION DES P. T. T. —
Le réseau des communications radioélectriques intercoloniales exploitées par l'Administration des P. T. T. sur ondes longues, comprenait en 1924 :
1° La liaison avec l'Indochine (Saïgon) ;
2° La liaison avec Tananarive ;
3° La liaison avec Brazzaville et Bamako.
Les installations utilisées à cet effet comportaient, en France : les stations émettrices de La Croix-d'Hins (près Bordeaux) et de La Doua (Lyon) ; aux colonies, les stations de Tananarive, Brazzaville et Bamako, construites par la Radiotélégraphie militaire et exploitées par l'Administration métropolitaine des P. T. T., ainsi que la station de Saïgon, exploitée par la Compagnie générale de T. S. F.
Toutes ces liaisons se prêtaient particulièrement à la mise en œuvre d'installations à ondes courtes (distance Paris-Saigon, 10000 km environ ; Paris-Tananarive, 9000 km) ; successivement, le poste d'Issyles-Moulineaux, appartenant à la Radiotélégraphie militaire, les postes de Lyon, construits par l'Administration des P. T. T., furent mis en service sur le réseau intercolonial. Ces réalisations immédiates furent accompagnées d'un effort à échéance plus lointaine, comportant :
1° L'installation de postes à ondes courtes dans les stations coloniales existantes (Saïgon, Tananarive, Bamako, Brazzaville), postes destinés à remplacer les installations à ondes longues ;
2° Une extension du réseau intercolonial, par la construction par les soins de la Radiotélégraphie militaire, d'accord avec l'Administration des P. T. T., de stations nouvelles à ondes courtes à Djibouti, Nouméa, Fort-de-France, Papeete et Dakar ;
3° La construction aux environs de Paris, par les soins de l'Administration des P. T. T , d'un centre d'émission (centre de Pontoise) et d'un centre de réception (centre de Noiseau).
DESCRIPTION DU CENTRE DE POXTOISE. — Il s'agissait de profiter des changements survenus dans la technique radioélectrique pour augmenter les possibilités d'action du réseau exploité par l'Administration des P. T. T. et pour concentrer en un lieu déterminé les moyens correspondants, dispersés, pour des raisons d'ordre militaire, en divers points du territoire, la concentration étant la source d'économies de toutes natures. Il fallait donc :
1° Choisir à proximité de Paris un terrain suffisamment vaste et sujet à extensions ;
2° Adopter de puissantes sources d'énergie permettant d'alimenter tous les postes qui feraient partie d'une nouvelle tranche de travaux ;
3° Créer une alimentation en eau prévoyant les extensions ultérieures ;
4° Établir des liaisons télégraphiques et téléphoniques nombreuses et d'une sécurité parfaite.
Les travaux à exécuter immédiatement comportaient, par conséquent, la réalisation de sources suffisamment larges pour alimenter un nombre important de postes émetteurs et la construction d'une première tranche de postes d'émission. La difficulté inhérente à de semblables opérations réside dans un aménagement convenable des crédits accordés, de telle façon que toute extension ultérieure rentre dans le cadre de bases initiales ; de plus, l'importance des communications radioélectriques, au point de vue politique, implique un aménagement qui conserve à l'Administration une autonomie aussi complète que possible : d'où l'utilité de sources autonomes d'énergie et d'alimentation en eau.
Organisation générale du Centre. — Le terrain du nouveau centre d'émission (fig. 2 et 3), qui comprend 75 ha, a été choisi en raison de ses propriétés, du point de vue technique, de sa proximité immédiate d'une ville présentant des ressources, bien desservie par chemin de fer, des possibilités ultérieures d'extension, de la proximité de Paris et du prix d'achat. Il se présente sous la forme d'un plateau oblong se terminant du côté de Pontoise par un éperon; ce plateau surplombe au sud la vallée de l'Oise, et sa situation dégagée est particulièrement favorable à l'établissement de multiples antennes à ondes dirigées.
Le déboisement nécessité par des raisons radioélectriques, et strictement limité à l'indispensable, a été réalisé par les soins de M. Heurteaux, Inspecteur des Eaux et Forêts ; les nouvelles routes reliant les bâtiments ont été établies par MM. Ménard et Bague, Ingénieurs T. P. E. à Pontoise, qui ont procédé en même temps à l'établissement du réseau d'évacuation des eaux les eaux du bâtiment central ont été drainées dans des conduites générales en tubes de ciment aboutissant à une chambre de décantation qui dégorge dans une sablière; chaque bâtiment émetteur possède un collecteur qui aboutit à un puisard approprié.
Le Centre comporte actuellement :
1° Un bâtiment central (fig. 2 à 4) destiné à recevoir les services communs à tous les postes émetteurs actuels ou ultérieurs : sources d'énergie, bureaux, ateliers, télégraphe et téléphone ;
2° Deux bâtiments destinés à abriter, chacun, deux postes d'émission à ondes courtes de 20 kW environ ;
3° Un bâtiment préexistant, à usage d'habitation et de bureaux, et des communs avec logement du gardien du Centre.
L'implantation des bâtiments a été faite de telle façon qu'il soit possible d'établir dès maintenant et dans l'avenir des antennes à ondes dirigées de dimensions importantes.
Le bâtiment central, établi sur sous-sol, se divise (fig. 4) en :
1° Un corps de bâtiment antérieur, constitué de bureaux en nombre strictement limité, d'une salle des archives et d'une pièce affectée à la concentration des liaisons télégraphiques et téléphoniques ;
2° Une usine thermique comportant deux groupes électrogènes, à moteurs Diesel de 350 ch ;
3° Un corps de bâtiment postérieur : cabine de transformation, salle d'accumulateurs pour éclairage de secours, atelier d'entretien.
Chaque bâtiment émetteur (fig. 5 et 6), établi sur sous-sol, est fait pour recevoir deux postes d'émission à ondes courtes, l'un étant un poste auto-oscillateur à régulateur Chireix, l'autre étant un poste à quartz de la Société Française Radioélectrique.
Ces trois bâtiments ont été construits sous la direction de M. Bessine, architecte de l'Administration ; le remplissage de l'ossature en béton armé est en béton de mâchefer, avec revêtement de ciment et enduit. Les toits en terrasse en béton armé et à double dalle sont protégés contre les infiltrations d'eau, la dalle supérieure portant une couverture étanche en « mammouth » recouverte d'un enduit de ciment. L'emploi de béton armé dans les bâtiments émetteurs ne présente aucun inconvénient au point de vue radioélectrique.
Des précautions spéciales ont été adoptées en vue de protéger les sous-sols contre les infiltrations dans un terrain glaiseux.
Sources d'énergie. — Le Centre comporte deux sources d'énergie :
1° Une source obtenue à partir du réseau Nord-Lumière : un feeder souterrain relie la cabine du Centre à la station de Pontoise, alimentée elle-même par deux sources indépendantes. La cabine renferme deux transformateurs triphasés de 250 kVA, susceptibles de fonctionner en parallèle, dont le primaire est alimenté sous 15000 volts et dont le secondaire fournit la distribution générale du Centre sous 500 volts ;
2° Une usine thermique : deux groupes alternateurs de 300 kVA avec moteurs Diesel de 350 ch.
Distribution de l'énergie à basse tension. — La distribution du courant basse tension est faite sous 500 volts, 50 périodes. Les tableaux de distribution, disposés symétriquement le long du mur principal de la salle des Diesels, comportent aux extrémités deux panneaux, destinés chacun à l'alimentation d'un bâtiment émetteur. Des deux panneaux de droite, équipés individuellement pour une puissance de 200 kVA, l'un débite sur les feeders aboutissant au bâtiment nord, l'autre sur les feeders qui alimentent les deux postes à ondes courtes de radiodiffusion coloniale, nouvellement installés ; un des panneaux de départ de gauche alimente le deuxième bâtiment à ondes courtes; enfin, un dernier panneau disponible, équipé pour 300 kVA, est destiné à fournir l'énergie aux nouveaux bâtiments dont la construction est entreprise sur le plateau, assez loin des premiers.
Les organes de manœuvre des alternateurs sont disposés symétriquement, et l'organisation de la distribution est faite de telle façon que les feeders de 3 x 75 mm2 (l'un servant de secours à l'autre) partant vers chaque bâtiment émetteur puissent être alimentés à partir du réseau ou de l'un ou l'autre des groupes électrogènes.
Alimentation en eau et distribution. — Trois solutions se présentaient :
1° Puiser de l'eau (non potable) dans l'Oise ;
2° Se brancher sur la canalisation de la ville de Pontoise (nécessité d'établir un relais de pompage, le terrain du centre étant plus haut que les réservoirs de la ville ; eau de qualité médiocre; manque d'autonomie ; conditions économiques défavorables) ;
3° Aménager le forage existant à l'intérieur de la propriété, en vue de réaliser une augmentation de débit.
La troisième solution, bien que présentant certains aléas, fut adoptée ; elle donnait à la fois l'autonomie complète du Centre et l'alimentation en eau potable.
Le forage a été descendu à la profondeur de 131 mètres. L'eau est refoulée par une pompe à pistons à trois corps, disposée près de la nappe d'eau ; les pistons sont actionnés par un vilebrequin qui est lui-même mû par un moteur triphasé ou par un groupe à essence de secours. Un réservoir en béton armé de 100 m3, surélevé de 15 mètres au-dessus du sol, commande la distribution d'eau.
Installations radioélectriques. — Chaque bâtiment émetteur abrite, comme nous l'avons dit, un poste auto-oscillateur et un poste à quartz construits et installés par la Société Française Radioélectrique.
POSTE AUTO-OSCILLATEUR. — Un tel poste comporte essentiellement deux grosses lampes à refroidissement par eau, alimentées sous 10 000 volts à partir d'un meuble redresseur constitué par 18 valves de 1 kW environ. L'alimentation des filaments est réalisée à raison de 50 ampères sous 16 volts. L'organisation du poste est telle qu'il soit possible d'effectuer, soit une émission unique avec les deux lampes, soit une émission unique avec une lampe, soit deux émissions simultanées avec deux lampes.
La manipulation s'effectue par onde de compensation, les intervalles entre traits et points des signaux étant réalisés en court-circuitant la sortie du dernier redresseur du régulateur ; il en résulte une variation de perméabilité du noyau et, par conséquent, une variation de fréquence de l'émission.
Organisassions générale d'un poste auto-oscillateur dans un bâtiment émetteur (fig. 5 et 6). — D'une manière générale, les machines tournantes et les auxiliaires gênants sont relégués dans le corps postérieur ou dans le sous-sol du corps antérieur du bâtiment; le poste proprement dit est placé au rez-de-chaussée de la grande salle du corps antérieur.
Dans le corps postérieur arrivent les câbles à 500 volts, venant du bâtiment central, qui alimentent trois séries de deux groupes identiques, groupes de charge des batteries d'accumulateurs disposées en sous-sol et destinées à alimenter les filaments des lampes oscillatrices (grosses batteries de 11 éléments, 1200 Ah), les filaments des petites lampes du régulateur (6 volts, 300 Ah) et les circuits de plaque de lampes du même régulateur (400 volts, 20 Ah).
Le corps antérieur comporte les cinq meubles constitutifs du poste émetteur proprement dit :
Le redresseur à 18 lampes, alimenté sous 500 volts, 50 périodes, et susceptible de fournir plus de 2 ampères sous 10000 volts. Un régulateur à induction permet de régler la tension d'attaque de 15 autour de 500 volts et, par conséquent, de faire varier la haute tension à la sortie autour de 10000 volts ;
L'émetteur, avec ses deux lampes, les organes du circuit oscillant et les appareils de réglage du débit de l'eau et de l'huile du refroidissement de la self à fer du régulateur ;
Deux régulateurs de fréquence, disposés à l'intérieur d'une salle blindée par un revêtement de zinc ; lors d'un fonctionnement en diplex, les deux régulateurs fonctionnent individuellement sur l'un, et l'autre lampe ;
Le meuble de manipulation, qui reçoit les signaux télégraphique; venant de Paris, destinés à produire la manipulation ;
Le pupitre de commande de la mise en marche du poste : les tensions étant renvoyées vers la salle d'émission à partir du corps postérieur du bâtiment, la fermeture des circuits de débit s'effectue automatiquement et sans erreur possible à partir du pupitre de commande.
Les dispositifs de refroidissement du poste comprennent d'abord le refroidissement des plaques des lampes par un courant d'eau qui descend d'un réservoir supérieur de 3 m3 jusqu'à une citerne en traversant les lampes (le retour de l'eau de la citerne au réservoir est assuré par un des deux groupes motopompes, commandé automatiquement par flotteur) ; il est fait usage de l'eau de pluie ou de l'eau du réservoir de 100 m3.
Le refroidissement des joints de lampes a lieu par un courant d'air que produit l'un ou l'autre des groupes moto-compresseurs débitant sur des réservoirs amortisseurs de 300 litres.
Antennes mises en œuvre pour les postes auto-oscillateurs. — Chaque poste auto-oscillateur comporte deux antennes en doublets, supportés par des mâts de 15 mètres : toutefois, les bâtiments sont disposés de telle façon qu'il soit ultérieurement possible d'installer de vastes antennes à ondes dirigées vers des correspondants nettement établis (Amérique du Sud ou Maroc, Canada ou Etats-Unis pour le bâtiment nord : Tananarive pour le bâtiment est).
POSTE A QUARTZ. — Un tel poste comporte essentiellement un oscillateur à quartz de faible puissance à fréquence constante (longueur d'onde, 120 mètres, par exemple), suivi de deux ou trois étages de multiplicateurs de fréquence (de façon que l'on puisse réaliser, suivant les cas, une onde voisine de 30 ou de 15 mètres), et d'étages amplificateurs dont le dernier fournit à une antenne convenable les courants de haute fréquence.
Les postes à quartz de la Société Française Radioélectrique sont faits pour fonctionner à la demande sur l'une ou l'autre des deux longueurs d'ondes produites par deux meubles qui comportent chacun un poste complet, à l'exception du dernier amplificateur de puissance; celui-ci, qui constitue un meuble, est mis en service sur l'un ou l'autre des postes élémentaires précités, suivant que l'on désire émettre sur l'une ou l'autre longueur d'onde utilisable.
Les sources d'alimentation des divers étages multiplicateurs de fréquence ou amplificateurs sont réalisées à partir de deux ensembles (l'un servant de secours) de groupes moteurs triphasés-dynamos situés en sous-sol, qui fournissent les tensions de plaque; toutefois, le dernier étage amplificateur est alimenté en haute tension à partir d'un redresseur un peu plus puissant que celui du poste auto-oscillateur (24 valves au lieu de 18).
L'émission ne comporte pas d'onde de compensation; afin que le redresseur qui alimente le poste travaille à puissance constante pendant la manipulation télégraphique, une disposition est adoptée, de telle façon que le débit, voisin de 2 ampères sous 10000 volts, s'effectue, durant les intervalles des signaux, dans une résistance d'absorption en série avec trois lampes identiques à celles du meuble de puissance, qui peuvent servir également comme lampes de modulation (modulation à courant constant) lorsque le poste est utilisé en téléphonie.
Installation du poste dans un bâtiment émetteur. — Les quatre meubles (deux émetteurs élémentaires réglés individuellement sur une longueur d'onde, le meuble de puissance et le meuble des lampes de manipulation ou de modulation) reposent accotés sur un même massif.
La figure 7 donne un aspect de l'installation d'un poste à quartz : à gauche, le tableau de commande de toutes les machines des premiers étages; en face, les quatre meubles accotés et, de gauche à droite, le meuble des lampes de manipulation, l'émetteur sur l'onde la plus courte, l'étage de puissance et l'émetteur sur l'onde la plus longue (l'émission demande la mise en service de trois meubles) ; au milieu, le pupitre de commande automatique du poste.
Le redresseur à 24 valves est disposé dans la salle symétriquement par rapport au redresseur du poste auto-oscillateur.
Les tableaux de mise en marche et de réglage des machines disposées en sous-sol étant placés au rez-de-chaussée, l'opérateur dispose de toutes les manettes du poste, les débits étant commandés automatiquement suivant un ordre logique, à partir d'un pupitre de manœuvre.
Le refroidissement des plaques des lampes de puissance et de modulation, d'une part, est assuré par les installations à eau ou à air mises en jeu sur le poste auto-oscillateur du même bâtiment.
En vue de réduire les vibrations, toutes les machines du poste à quartz sont disposées en sous-sol et les meubles émetteurs reposent sur des semelles en liège.
Des emplacements ont été réservés dans les sous-sols pour deux groupes moteurs-dynamos haute tension, susceptibles de remplacer avantageusement les redresseurs à valves actuels; cette disposition a déjà été adoptée pour l'installation récente de Tananarive, effectuée par les soins de la Société Française de Radioélectricité.
EXPLOITATION DES POSTES AUTO-OSCILLATEURS ET DU POSTE A QUARTZ. — Les deux postes auto-oscillateurs actuellement en service à Pontoise sont organisés de la même façon : les deux circuits oscillants de chacun d'eux sont accordés sur deux ondes convenablement éloignées, de façon que l'on puisse faire usage, sur la liaison télégraphique à assurer, de l'une ou l'autre fréquence, suivant les conditions de propagation du moment; deux émissions simultanées peuvent être également réalisées avec deux correspondants.
Le poste auto-oscillateur du bâtiment n° 1 est affecté aux communications avec l'Amérique du Sud (service de l'agence Havas), sur l'une ou l'autre des ondes de 29m 71 ou de 16m 07.
Les deux longueurs d'onde : onde de jour, 14m 28; onde de nuit, 28m 35, adoptées pour le poste auto-oscillateur du bâtiment n° 2, sont consécutives à la nature des liaisons à desservir : Tananarive, Djibouti, Bamako, Brazzaville, etc. Durant les premiers essais de trafic, un contact quasi permanent a été réalisé avec Tananarive, grâce à la mise en œuvre des deux ondes précitées.
Le poste à quartz, actuellement monté au bâtiment n° 2, est destiné à assurer les communications avec l'Indochine (Saïgon et Hanoï) en télégraphie et, éventuellement, en téléphonie, sur les deux longueurs d'onde de 18m 75 et 30m 48. En raison de l'importance de cette liaison, il était particulièrement indiqué de mettre en jeu sans délai des dispositifs d'antennes à ondes dirigées dont voici la description succincte.
Antenne à ondes dirigées, modèle Chireix-Mesny, de la Société Française Radioélectrique (fig. 1 et 8 à 10). — Trois pylônes de 75 mètres de hauteur, en ligne droite et espacés de 150 mètres, servent de support à deux systèmes d'antennes établis chacun entre deux pylônes consécutifs; chacun de ces systèmes correspond a l'une des deux ondes adoptées dans le fonctionnement du poste à quartz destiné à les alimenter : 18m 78 et 30m 48. La figure 8 montre l'ensemble des aériens mis en jeu sur la liaison avec Saïgon.
Chaque système d'antenne est constitué de deux rideaux de fils conducteurs, disposés dans des plans parallèles verticaux espacés d'un quart de longueur d'onde. Un des rideaux forme projecteur pour l'autre rideau alimenté à partir d'un feeder qui vient du poste à quartz; grâce à un système de commande à distance depuis le bâtiment émetteur, on réalise la projection dans l'un ou l'autre sens, en alimentant le rideau convenable, de manière à atteindre le correspondant en Indochine suivant l'un ou l'autre arc de grand cercle, d'après les conditions de propagation du moment. Deux feeders partent du poste à quartz, l'un destiné à alimenter l'antenne réglée sur 18m 78, l'autre affecté à l'antenne réglée sur 30m 48; un seul feeder est naturellement en charge à un moment donné.
L'antenne sur la petite onde (18m78) nécessite une double alimentation. On remarquera la forme particulière des pylônes à haubanage réduit (fig 1) construits selon les recherches et calculs de MM. Bouvier, sous-directeur de la Société Française Radioélectrique (S. F. R.), et Bourseire, ingénieur de cette même société ; l'avantage de ce système résulte de la nécessité d'écarter autant que possible les haubans des rideaux émetteurs.
Les figures 9 et 10 donnent donne les courbes de rayonnement en champ, expérimentalement relevées au moyen d'un récepteur dont l'aérien est constitué d'un dipôle à 600 mètres en avant de l'antenne sur les deux longueurs d'onde : l'angle d'ouverture du faisceau principal est inférieur à 12° et 22° pour les deux ondes de 18m78 et 30m48; l'intensité du champ suivant l'axe en arrière du rideau réflecteur demeure inférieure au dixième du champ dans le sens de la projection.
LIAISONS TÉLÉPHONIQUES ET TÉLÉGHAPHIQUES. - Dès le début, l'Administration des P. T. T. a envisagé l'établissement, entre Pontoise et Paris, de nombreuses liaisons téléphoniques et télégraphiques susceptibles de permettre une large extension du Centre. Les caractéristiques techniques du câble nécessaire dans ce but sont fonction des liaisons à assurer à partir de Paris :
1° Liaisons télégraphiques ordinaires ;
2° Liaisons téléphoniques pour la téléphonie publique (France-Indochine, France-Algérie, etc.) ;
3° Liaisons téléphoniques de radiodiffusion ;
4° Liaisons téléphoniques de service ;
5° Liaisons pour émissions de radiotéléphotographie.
Le câble doit aboutir par un chemin convenable à la salle des liaisons aménagée au bâtiment central, d'où s'effectuent vers les postes émetteurs les départs en nombre convenable pour tenir compte des extensions ultérieures.
Afin de réduire le personnel, toutes les liaisons téléphoniques intérieures et celles avec le Bureau central radiotélégraphique, le standard de la direction de la T. S. F., à Paris, et le bureau téléphonique de Pontoise, sont assurées à partir d'un standard automatique à 30 directions, établi par la Compagnie générale de Télégraphie et de Téléphonie.
Les caractéristiques principales du câble de 37 km, étudié par le Service des lignes souterraines à longues distances, sont :
Diamètre du câble sous plomb : 37 mm environ.
Au centre : une paire en fil de 1mm 3, spéciale pour la radiodiffusion et placée sous écran d'aluminium ;
Première couche ; 4 quartes en fils de 1mm 3 ; 2 paires en fils de 1mm 3 sous écran d'aluminium ;
Deuxième couche : 17 quartes en fils de 1mm ; Soit 21 quartes et 3 paires sous écran pour la radiodiffusion.
CONCLUSION. — Les installations en service constituent la première tranche de réalisation d'un programme d'ensemble, établi depuis 1926 suivant les directives données par l'Administration Centrale ; une deuxième tranche comporte l'établissement, actuellement en cours d'exécution :
1° D'une station à ondes courtes, destinée à assurer les liaisons télégraphiques et téléphoniques avec l'Algérie, constituée de deux émetteurs à quartz de 15 kilowatts-antenne identiques à l'émetteur déjà en service ; deux antennes à ondes dirigées, d'un développement comparable à celui des aériens utilisés avec Saïgon, établies pour les longueurs d'onde de 23 et de 33 mètres environ, sont alimentées chacune à partir d'un émetteur ; chacun de ceux-ci peut donner lieu simultanément, soit à deux émissions téléphoniques avec un taux de modulation de 30 % et à une émission télégraphique réalisée sur une fréquence de modulation de 3 100 avec un taux de modulation de 10 %, soit à une émission téléphonique avec un taux de modulation de 70 % (un dispositif particulier permet de conserver le secret des conversations téléphoniques) ;
2° D'une station à ondes moyennes (émissions faites sur des ondes voisines de 3 000 mètres) comportant deux postes S. F. R. à lampes de 13 ou 25 kilowatts-antenne chacun, suivant que l'on utilise une ou deux lampes au dernier étage ; les antennes sont supportées par un pylône haubané, isolé à sa base, de 150 mètres, par deux pylônes à haubanage réduit et par un pylône haubané de 75 mètres ;
3° D'un poste à quartz, identique à celui déjà installé dans le bâtiment émetteur n° 2, destiné à assurer les communications de l'agence Havas avec divers correspondants et principalement les Etats-Unis.
Toutes ces installations sont contenues dans un même bâtiment (n° 3) ;
4° D'un poste à quartz, à installer à l'emplacement réservé dans le bâtiment émetteur n° 1, et destiné à assurer la liaison téléphonique avec le Maroc.
Enfin, dans l'obligation d'aboutir à brève échéance, l'Administration a profité des installations du Centre de Pontoise pour y installer provisoirement la station de radiodiffusion coloniale comportant deux émetteurs à quartz de 15 kilowatts-antenne environ, installés dans un même bâtiment et susceptibles de fonctionner simultanément sur les longueurs d'onde de 19m 68 et 25m 63 sur les aériens suivants, supportés par trois pylônes non haubanés, disposés à angle droit :
Une nappe sans réflecteur, orientée vers Saigon, pour l'onde de 25m 63 ; Une antenne en drapeau, orientée vers Saigon, pour l'onde de 19m 68 ; Une nappe sans réflecteur, orientée vers l'Afrique du Nord, pour l'onde de 25m 63.
L'un des émetteurs a été construit par le Service de la Radiodiffusion; l'autre est à quartz du modèle S. F. R., approprié à un trafic de radiodiffusion.
Dans le domaine des liaisons coloniales, la mise en service récente à Tananarive d'un poste à quartz S. F. R. augmente considérablement les possibilités sur cette liaison, l'une des plus importantes. L'émetteur est identique à celui que nous avons décrit ci-dessus, et les installations ont été faites de façon à pouvoir établir ultérieurement dans la même salle un deuxième émetteur de même constitution.
Enfin, une troisième tranche de travaux concerne l'organisation de liaisons radiotéléphoniques à très grandes distances (Amérique du sud, Indochine, etc.), ainsi qu'avec les navires transatlantiques, la transformation des stations coloniales existantes, et vise, à échéance prochaine, la réalisation, sur ondes courtes, d'un service de transmission d'images sur les liaisons les plus importantes.
VEAUX, Ingénieur en chef des P. T. T.
j'ai lu ce reportage avec plaisir; j'ai travaillé au CLR en 61 ou 62. Je me souviens qu'à cette période on établissait hebdomadairement une liaison avec Georges de Caune qui était parti jouer les Robinsons dans une ile (Eiao peut être
RépondreSupprimerMichel Alrivie
Bonjour j.ai découvert votre reportage sur la station électrique de Pontoise
RépondreSupprimerMon père André HENRY ingénieur en chef a dirigé cette station dans les années 1940 et habitait au Château partagé entre deux famille à l’époque. Je suis né en1945 et est habité le château jusqu’en 1960.
Je souviens des bâtiments imposants qui abritaient les émetteurs : bâtiment Ampère et bâtiment Férié avec en face du château le bâtiment Central.
Merci pour ce reportage qui me rappelle de nombreux souvenirs
Henrypat4492@gmail.com
Centre de pontoise a 95% sur ennery.la dtri a fermé en 1975 et j'y ai ouvert en fin 76 un cret ." Centre régional d' enseignement technique
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