29 novembre 2020

Les grands hommes des Transmissions: Le général Louis SIMON

 

Le général Louis SIMON, injustement oublié, a été avec le général FERRIE à la fois créateur et chef de la télégraphie militaire opérationnelle, avant et pendant la première Guerre Mondiale.

Technicien averti, organisateur efficace, chef incontesté dans les activités du temps de paix comme sur les champs de bataille, il a sans interruption et pendant plus de quinze années, présidé aux modestes et difficiles débuts, puis au prodigieux développement des transmissions militaires...

Louis, Eugène, Aimé SIMON est né le 9 mai 1861, dans une modeste famille d’instituteur, à Athée, près d’Auxerre, en Côte d’Or. Admis au concours d’entrée de l’Ecole Polytechnique en 1880, à 19 ans, il tombe malade et ne peut passer l’oral. En vertu de la réglementation alors en vigueur, il doit s’acquitter de ses obligations militaires et s’engage en octobre 1881, au 5ème régiment d’artillerie.

Il entre finalement à l’X le 1er octobre 1883 et en sort deux ans plus tard et suit deux années d’instruction à l’Ecole d’Application de l’Artillerie et du Génie à Fontainebleau. Nommé lieutenant en octobre 1887, il est affecté au 1er régiment du génie à Versailles. Nommé capitaine en décembre 1892, il est muté à l’Etat-major du génie à Chambéry.

Reçu à l’Ecole Supérieure de Guerre, il y  entre et en sort deux ans plus tard, classé 27ème sur 70, avec la mention : « bien ; officier brillant à classer au service d’état-major ». C’est ainsi qu’il est affecté à l’Etat-major de la 3ème division de cavalerie du VI° Corps à Chalons.

Le 30 décembre 1902, le capitaine Simon, est, sur sa demande, affecté au bataillon de sapeurs-télégraphistes, créé par la loi du 27 juillet 1900 au Mont-Valérien. D’abord à trois compagnies, puis à six, le bataillon dépend du 5ème génie de Versailles. Arrivé dernier au bataillon en ce début de 1903, on lui confie le commandement de la compagnie télégraphique d’armée, constituée pour participer aux manœuvres du Centre.

Nommé chef de bataillon, le commandant Simon rejoint Grenoble et le 4ème génie, où on lui confie le commandement d’un bataillon de pontonniers. Pour le commandant Simon, cette expérience de pontonnier ne sera pas perdue, mais fin 1910, c’est au Mont-Valérien, que l’on a besoin de lui. Le commandement du bataillon de sapeurs-télégraphistes, devenu 24ème bataillon et formant corps est vacant.

Le 28 mars 1912, le Sénat a approuvé le projet de loi portant création d’un régiment de sapeurs-télégraphistes et dès l’été, le futur commandant du 8ème génie, le colonel Linder est mis à la tête du bataillon pour en préparer le développement. Le colonel Linder n’est pas un télégraphiste, mais il a vite compris que la présence du commandant Simon est plus que nécessaire.

Le commandement ayant besoin d’un officier pour diriger à Villacoublay des expérimentations de TSF à bord d’avions, en vue de réglages d’artillerie, c’est le commandant Simon qui se charge de cette mission, en plus de ses activités au Mont-Valérien.

Le commandant Simon prend le titre de chef du service radiotélégraphie et applique ses efforts à l’emploi de la radio. Ayant autorité technique sur tous les détachements de radiotélégraphiques d’armée et sur tous les postes de TSF des places fortes, il en obtient une discipline d’exploitation remarquable. Il impose aussi à tous ses postes, les écoutes des réseaux adverses, organise la centralisation des informations et contribue ainsi à l’élaboration du renseignement.

Les moyens de liaison ne lui permettant pas d’intervenir efficacement à partir du Grand Quartier Général, il se rend sur place, là où sa présence lui apparait le plus nécessaire et donc là où la menace est la plus grandes et les engagements les plus intenses. De septembre à octobre 1915, il assume en personne la responsabilité des transmissions en Champagne. En 1916, il fait ouvrir des écoles de formation à Liancourt  et au Plessis-Belleville, d’où sortiront les officiers et sous-officiers pour les armées françaises d’abord, puis pour les unités américaines, le moment venu.

En cette année 1916, Simon aura deux satisfactions personnelles. La première de voir enfin officialisé le service télégraphique aux armées et d’en être reconnu comme le chef et la seconde d’être promu colonel au 31 décembre 1916.

Il est affecté au commandement du génie du 6ème corps d’armée, puis commandant du génie du X° corps d’armée en octobre 1918. Le poste est très important car c’est à la tête de cette armée forte de 15 divisions que le général Mangin doit mener une grande offensive en Lorraine pour rompre le front ennemi et pousser vers la Sarre. Son déclanchement est fixé au 14 novembre, mais l’Armistice est signé le 11 et Metz redevient française le 19.

La France occupant alors la Rhénanie, c’est à la X° armée qu’incombe le 20 décembre le franchissement du Rhin et l’organisation de la tête de pont à Mayence. C’est au colonel Simon de lancer les ponts nécessaires. L’opération est loin d’être banale car il faut trois ponts sur le Rhin et deux sur le Main. Le matériel de pontage étant insuffisant, le colonel Simon imagine des radeaux pour le transport des chars, puis un pont métallique d’une longueur de 260 mètres, en trois parties.

Le 23 décembre 1919, le colonel Simon est enfin nommé général, au moment où sa carrière militaire est proche de la fin. Le commandement du génie de l’Armée du Rhin lui est confié. Se souvenant des difficultés qu’il a eues pour faire traverser le Rhin à l’artillerie lourde et aux chars, il imagine un pont en acier s’assemblant par portières de 10 mètres et pouvant supporter de 16 à 21 tonnes ou de 34 à 44 tonnes. Ce pont sera adopté par le Ministère de la  Guerre et appelé pont FCM, mais à l’Ecole du Génie, il sera appelé « Pont Simon ».

Le général Simon se retirera à Montmorency en 1930 et y vécut modestement dans le cadre familial. Il connut la défaite de 1940 et prit même en charge les responsabilités de maire de la ville. Il est décédé le 9 janvier 1942, sans avoir connu ni le renversement de la structure militaire, ni cette même année la création de l’arme des Transmissions, qu’il avait fait grandir dans la tourmente des années de guerre.

 pièce jointe : photo du général Simon  - collections musée des Transmissions

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