TROMELIN - Peu après 10H00, une langue blanche apparaît à l'horizon. Tromelin ou l''Ile de Sable" comme l'appelaient les Français jusqu'au XIXe siècle porte bien son nom. De loin, en tout cas. Le bateau s'arrête à quelques encablures de la côte. Certains à bord s'imaginent la rejoindre à la nage, attirés par les eaux turquoises des hauts fonds et le sable blanc étincelant, du sable de corail. Des baleines à bosse ont bien montré leur présence mais des requins croisent dans ces eaux, prévient le capitaine. Avis aux amateurs...
L'hélicoptère enchaine les vols pour déposer hommes et matériel. Il faudra près de 70 rotations à Christian, le pilote, pour acheminer le ravitaillement nécessaire (eau, nourriture, fioul, etc.) aux trois hommes présents en permanence sur la base et aux trois chargés de mission qui vont égayer leur quotidien pendant un mois : deux techniciens de Météo France et un jeune scientifique.
Matthieu Bastien, 23 ans, du laboratoire Ecomar de l'Université de la Réunion. Il va notamment devoir compter les oiseaux qui nichent sur l'île, deux espèces cousines de nos fous de Bassan, en attraper certains pour les baguer, leur faire une prise de sang et leur prélever des tiques dans le cadre d'un programme de recherche sur les agents pathogènes, genre virus de la grippe aviaire. Et oui, jusque sur un atoll isolé de l'Océan indien on entend parler du H1N1.
Ce jeune breton n'avait pas d'attirance particulière pour les oiseaux avant un stage en Suède dans le cadre de son master d'écologie comportementale. C'est là qu'il a commencé à s'intéresser à "ces drôles de bestioles". Et quand il a entendu parler de cette mission sur Tromelin, il a "dit oui tout de suite". "C'est ce que je cherchais, un terrain assez inaccessible". Et austère.
Avec son kilomètre carré de superficie, ses déferlantes, ses plages brûlantes au nord et son espace lunaire de coraux noirs au sud, Tromelin passe assez vite de la carte postale au milieu hostile. Et ce n'est pas l'allée de cocotiers implantés pour donner de l'ombre au moins à un endroit de l'île qui va changer cette impression. Sans compter que les hordes de bernard l'hermite ne font pas que dévorer les bébés tortues vertes, ils peuvent être dangereux pour les aventuriers du bivouac, lorsque le bâtiments deviennent étouffants à la saison humide, explique le cuistot, un Malgache qui a roulé sa bosse dans les TAAF.
Matthieu, lui, ne connaîtra que le meilleur, ce bout de saison sèche et déjà bien au dessus des 30 degrés appelée bizarrement "hiver".
Mais il va devoir en revanche faire preuve d'adresse pour attraper les oiseaux. "Les fous masqués qui nichent au sol, on y va à l'épuisette. Le fou à pieds rouges qui niche dans les arbustes, à la canne à pêche munie d'un lasso", explique-t-il avec le plus grand sérieux. "On m'a expliqué ça à la Réunion. Maintenant, il va falloir passer de la théorie à la pratique..."
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