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13 septembre 2013

Expédition archéologique à Tromelin


Une expédition archéologique française mène actuellement, sur Tromelin, une des îles éparses, une campagne de fouilles pour documenter le drame qui s’y déroula au 18ème siècle : le naufrage d’un bateau négrier et la survie de 8 rescapés sur l’îlot désertique 15 ans...

Cette tragédie fascine les chercheurs de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) et du Groupe de recherche en archéologie navale, dont une douzaine ont abordé fin août les rivages de l’île Tromelin.

Perdue au milieu de l'océan Indien à 500 km au nord-est de Madagascar, Tromelin est l'exemple type de l'île inhospitalière. Battue par les vents, positionnée sur la route des cyclones, celle qu'on appelait avant l'Ile des Sables a longtemps été signalée par les cartes marines comme un danger potentiel et longtemps les marins l'on évitée comme la peste. Elle est le reste d'un volcan englouti dont seul le sommet du cône émerge, colonisé par les coraux qui ont fini par se réduire en sable. Ses pentes abruptes supportent encore ce tas de sable d'un kilomètre carré ne laissant aucune chance au bateau imprudent qui s'aventurait dans ses parages.

C'est la mésaventure arrivée à l'Utile en 1761 alors qu'il transportait une cargaison d'esclaves malgaches que le capitaine Jean de Lafargue emmenait à l'Ile de France (Maurice) pour son propre compte et en dépit de l'abolition de l'esclavage déjà entrée en application depuis 1848. Cette cargaison frauduleuse l'obligea à se détourner de la route traditionnelle pour éviter toute rencontre. C'est ainsi qu'il se retrouva, équipé d'une carte approximative, aux alentour de Tromelin qu'il ne put éviter et sur laquelle le navire s'échoua.



Les 88 esclaves, descendus à terre, furent mis à contribution pour la construction d'une embarcation de fortune à même d'effectuer le reste du trajet. Trop petite pour emmener tout le monde, les esclaves furent abandonnée sur cette île déserte, à la végétation rase et sèche, dépourvue de la moindre source d'eau potable. On leur avait bien promis de revenir les chercher rapidement -ils représentaient la fortune du capitaine négrier- mais ce n'est que 15 ans plus tard, le 29 novembre 1776 que le Chevalier de Tromelin, à bord de la corvette La Dauphine revint honorer cette promesse faite par un autre. Il ne récupérera que huit esclaves survivants : sept femmes et un enfant de huit mois.

Durant ces 15 années, la survie s’est organisée tant bien que mal, et ce sont les vestiges de cette lutte quotidienne que viennent rechercher les archéologues durant 45 jours : habitats rudimentaires, restes alimentaires, sépultures… Cette campagne de fouilles succède à 3 autres, menées en 2006, 2008 et 2010, sur terre tout autant que sous la mer, à proximité de l’île. Le but est de tenter de retracer les conditions matérielles, psychologiques et sociales que connurent ces naufragés.

Les trois premières missions ont permis d'étudier l'épave de l'Utile, de mettre en évidence l'ampleur des habitats construits par les naufragés, de mieux cerner leur organisation et leurs facultés d'adaptation à la condition de naufragé, dans un milieu aux ressources limitées, mais mises à profit avec ingéniosité.

Placée sous l'autorité du préfet des TAAF, en convention avec le ministère de la Culture et de la Communication, la mission a reçu le parrainage de l'UNESCO et du Comité pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage, le soutien financier de la Direction des Affaires culturelles - océan Indien / préfet de La Réunion, du conseil régional de La Réunion, de la Fondation du Patrimoine, de la Commission de l'Océan Indien, et des autorités mauriciennes.

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